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L’hôtel de l’infini. Une infinité de chambres en enfilade, pas de couloir. Je passe de l’une à l’autre, où à chaque fois une horloge pesante sonne onze heures je me rue vers la suivante où une horloge sonne onze heures, et je fonce vers la suivante, puis me hâte vers la suivante, puis me dirige calmement vers la suivante, puis me laisse aller à petits pas vers la suivante, puis je vais sur mon erre vers la suivante où à chaque fois une horloge différente sonne onze heures et je ralentis encore et par instant au contraire je repars à toute berzingue et toujours onze heures toujours une autre chambre et tout ça, me dis-je, c’est Proust, me voilà coincé dans Proust.

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Croyant me saisir d’un opus d’Annie Ernaux je me suis plongé par inadvertance dans le livre de chevet toujours inachevé, si bien que je ne suis, comme l’on dit, pas sorti de l’auberge.