599

 

Dans l'hôtellerie-restauration, c'est "Y'a pas de soucis".

Dans les cabinets médicaux c'est "Je vais vous laisser" (+ locution).

*

Je vais vous laisser remonter votre bras de chemise et serrer le poing, dit l'une.

- C'est quoi ton nom ma belle ?

Gvévoulaissée. Fille de Monsieur Plus et de Madame Locussion. Et toi ?

- Yapad Soussi. Je m'occupe d'un bar à épices orientales.

Bar à épices ? Orientales ? Je vais vous laisser vous laver les mains.

-Y'a pas de soucis.

On va voir ça. Je vais vous laisser sortir votre carte vitale.

598

 

- C’est un garçon, dit la sage-femme

- Kilian !, dit la matrice qui venait de devenir sa mère

- Kilian ?!! Merde !! ...Évidemment ils ne peuvent pas savoir, pensa Dabek. Si j'avais su je serais pas re-né.

*

Il avait très froid et très faim,

 il y avait une paroi chaude, 

 Kilian la remonta jusqu’au sein.

597

 Dieu existe !

*
Mais pas la vie éternelle, ducon.


596

Devant le donut, regarde le beignet, non pas le trou.

*

Ayant négligé ce précepte, Dabek évalue avec l’assistante sociale ses probabilités de survivre à sa pension de retraite, mais : clairvoyant tardif, il regarde ses miches.

 

595

 

J’ai dansé un slow avec ce type 

Ce type qui ressemble à un piano

A un piano grande queue

Et ce n’était pas CELA qui me gênait le plus

Car je sentais bien tant les choses que le contingentement des choses

Ce qui m’inhibait c’était la peur qu’il me marchât sur les pieds

Car ce type était vraiment

Vraiment

Pareil à un piano

Grande queue


*

Quand j’entends du Clayderman

Ça ne me donne l’envie de sniffer de l’eau

De Pologne

594

Le kaki est une représentation de Bouddha.

Six kakis dans un espace vide sont une représentation de Bouddha. 

C’est le zen.

Ne pas s’emparer des choses. Ne pas chercher le derrière des choses. Ce sont peut-être des kakis, peut-être Bouddha.

Le cochon c’est très intelligent, très proche de l’homme, mais très différent. Un cochon ne montrera jamais son derrière à un autre cochon.

Le coproduit de l’homme et du cochon, c’est le boudin. Six boudins dans un espace vide, ce n’est pas le zen. On voit le derrière. Le derrière, c’est l’homme. De tout ce sang qu’ils versent, que font-ils d’autre ?

*

Rien ne vaut guère dans l’homme , sauf les mauvais élèves. Ils ont une tête de cochon, avec rien autour. Ce ne sont pas des moutons. Quand ils croisent les moutons, ils ne voient pas le gigot. C'est très intelligent.

(ppedf)

593

Vivre, c’est s’attacher chaque jour à mourir.

*

Pour confirmer la nullité d’un aphorisme, il suffit d’en mélanger les termes.

- Mourir, c’est s’attacher chaque jour à vivre.

- S’attacher, c’est vivre chaque jour à mourir.

- S’attacher à mourir, c’est vivre chaque jour.

- Chaque jour, s’attacher à c’est mourir

- Chaque attache, c’est mourir au jour et vivre.

..etc.

(mais l’intention, nonobstant, était pure. Et la virgule toujours reste et tient tout)


592

 

Cet été, dans les Pyrénées, j’ai touché un chevreuil avec les yeux. Il m’a fait comprendre avec ses yeux que j’étais en train de toucher un chevreuil avec les yeux. Puis l’un de nous deux, avec une classe aristocratique et un bruit d’arbalète, s’est propulsé dans les sous-bois. Je l’ai toujours en moi, mais je ne sais pas quoi.

*

Tous, nous avons en nous le chevreuil avec les yeux. C’est magnifique, énigmatique.

591

Je vais vous laisser mettre votre masque

Je vais vous laisser vous passer les mains au gel 

 Je vais vous laisser enfiler les sur-chaussures en espèce de gaze bleue que les poissons y vont pas aimer quand ça viendra à eux car les objets tout comme nous suivent leur pente mais se désagrègent moins vite

Je vais vous laisser glisser votre carte vitale sous le plexiglas en un geste économe en gouttelettes

Je vais vous laisser attendre dans le couloir, qu’on vous appelle

....

Je vais vous laisser enlever cette main de mes fesses le docteur c’est cette porte je vais vous laisser la pousser putain quand même c'est bon

 ...

J’aurais bien voulu la laisser me laisser, en quelques sorte la délaisser (de la fesse, d’ailleurs c’était pur réflexe), ou même la délaisser (de la connerie distribuée en mode éjacula-pressoir), ou même la délaisser (de la laisse)

Mais voilà : mal de dents

Alors je l’ai laissée me laisser plein de façons de me laisser : elle est très forte à ça, sinon elle a pas son 1,16 SMIC fin de mois

 

*

Je crois bien que sous la torture, je ne parlerai pas. J’aurai déjà parlé avant, dans les escaliers.

Ils descendent, en général. Je veux dire : pour moi.

590


J’étais ailleurs, dans une ville, avec une forte douleur à un genou. J’hésitais à contacter un psychanalyste, j’ai finalement appelé une ostéopathe parce que j’étais passé par hasard devant sa plaque. Elle m’a demandé où j’étais, je le lui ai dit, elle m’a dit je suis assise sur le banc derrière vous avec un vélo pliant. Je l’ai rejointe, je lui ai expliqué mon problème, et elle le sien : elle n’arrivait pas à plier le vieux vélo récupéré pour son fils dans une benne à ordure. Elle n’avait pas sa table de soins et m’a suggéré d’appeler un de ses collègues. J’ai réussi à plier son vélo, en forçant un peu sur les charnières rouillées, et je suis reparti, en me disant que finalement j’allais solliciter un psychanalyste, car je sais qu'en pays francophone certaines douleurs peuvent être liées à un coup de mou dans le je-nous. Et en effet c’était trop tard, je n’avais absolument plus mal. 

*

(Oublie ton chapeau, coco
Il lui manque un trou de trop)

589

 
Je pose mon plateau repas, bœuf bourguignon braisé, et mon verre de vin.
La table a été mal nettoyée.
Je planterais une balançoire sur mon balcon.
Au sommet de la trajectoire, je lâcherais des mains et des fesses.
J’atterrirais sur votre balcon, devant votre salon.
Pour le retour j’ai prévu mes deux pieds, escaliers, la rue entre nous, escaliers.
Alors ?

*
La dame donna son consentement
C’était avant le confinement