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J’ai soigné tout l’hiver mes plantes d’intérieur. C’est fini, maintenant. Voilà que refleurissent les rameaux et les fleurs. La vie renaît, dit-on. Ca pousse sur mon crâne, ça fait  le beau. Pâquerettes, primevères et violettes, insectes bourdonnants sortis de mon cuir, aussi. Le moi factice éclot malgré moi de mes interstices, colore les corolles, pollennise les pistils. Incontinence de sucs et de sève, d’extases. Ca va durer un semestre, un semestre où j’hiberne bien en deçà de la logorrhée de mon moi la haut, dehors, fécond, conforme, formidable. J’attends. Respiration imperceptible, température réduite, pulsations ralenties. Il reviendra. Rentrera. Vidé. Epuisé. Satisfait de ce qu’il a fait, il faudra que je lui explique. Ensuite je le rangerai à sa place. Il se laissera faire. Alors je sortirai dans la pluie de novembre qui bientôt sera neige.

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La feuille a un moment
Vient son temps comme l’oiseau
De quitter son arbre
Comme lui elle reviendra
Et ce sera une autre