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On pourrait commencer par là, en emmenant avec soi des paysages entubés, traversant les reflets de brume basaltique des monts doux de la haute Bretagne, à la recherche de l'endroit pour poser le chevalet et faire jaillir la toile. Où serions nous ? Nous serions là où nous nous trouverions. Comment parvenir à une telle conjonction ?

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Une sorte de nuage minéral, les lois de la gravité et de la répulsion ne s'appliquent pas, tout est un, la toile et le dit de la toile flottent eux même en l'espace ouvert et hermétique comme une de ces pensées qui vous trottent derrière la tête sans jamais s'y poser. L'odeur coloriée des grands arbres que retiennent leurs racines, l'empreinte des membranes de leurs feuilles dans le brouillard aux traits doux, la rumeur ancienne des étoiles, tout est un, rien n'est plus regard. L'alchimiste a déposé son pinceau, on le retrouvera plus tard mort et moisi par l'humide il avait enfoncé profond son visage dans la toile et au revers avait peint des deux mains la lueur mince que nous ne pouvons voir et qui sépare le jour de la nuit.