469


Rêves d'endormi.
Rêves qui ne m'appartiennent pas.
Rêve qui me bouleverse en ce moment, que je fais assez souvent, sous diverses formes : beaucoup d'amis qui ont disparus reviennent, revivent. Ce n'est qu'un rêve, au réveil ça m'attriste vraiment.
Rêve d'une douceur incroyable : je suis dans une maison, j'attends un grand copain, il arrive avec sa maman, une petite dame toute ridée. Lui, grand bonhomme élégant, c'est mon ami Duke Ellington qui me dit « qu'est-ce que tu faisais ? » en un anglais que je comprends parfaitement.
-Je pianotais un peu, lui dis-je en un français qu'il comprend parfaitement.
-Ah, ben … On y va ?
Et je me mets à jouer avec lui !
Et je ne joue pas si mal que ça !
Et une voix me dit « Ce n'est pas possible tu sais bien qu'il est mort »
Et on continue à jouer gentiment tous les deux, il me dit que c'est pas mal ce que je fais, pas mal du tout
Et je me réveille.

*
Je me rappelle qu'il a un costume marron qui lui va très bien. Je le lui dis. Il est content, il est très élégant, il est heureux, il joue avec moi, on joue ensemble, on est contents, et dans ce rêve je m'entends jouer, pas mal du tout, vraiment pas mal du tout, je devrais enregistrer ce rêve rien que pour m'entendre jouer aussi bien.




(« The Duke », Poème plagiaire n° 583. Rêves qui ne m'appartiennent pas, c'est Jean-Jacques Sempé qui les a racontés)



[31 juillet 2012, 20H30, aux Roches de Condrieu (38), Bernard Deglet lit en public « Dabek se précipite » à l'aide d'un guéridon et d'un bol tibétain]