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Je donne mon sang, et personne n’en veut.
Je change de rhésus, et personne n’en veut.
Je mets une belle étiquette dans un flacon élancé, personne n’en veut.
Je distribue sous autre nom, et personne n’en veut…
Qu’est ce que tu crois mon vieux, c’est bien joli tout ça, mais si tu t’imagines que les gens sont prêts à prendre tout ce sang que des types innombrables comme toi veulent absolument leur donner ! Tu ne penses pas que vous exagérez un peu ? Ils n’auraient que ça à faire, les gens ? Prendre votre sang, se l’introduire dans les veines, se sentir patraque pour que tu sentes mieux, toi et tous ces donneurs à qui personne n’a rien demandé ? Pour qui vous prenez vous donc ? Et d’abord, qu’a-t-il de si particulier, votre sang ? Autres chose que les ingrédients habituels, globules, plaquettes ? Dans un ordre différent, tu dis ? Et alors ? Il faudrait se saigner aux quatre veines pour ça, pour faire de la place à ce jus de betterave ou à ce brouet à la viscosité malsaine ? Allez ! Pose ton flacon là, auprès des deux mille autres, je vais voir ce que je peux faire pour cette fois. Mais pour le reste oublie ça veux tu, garde-le, ton sang, si tu penses vraiment qu’il est si bon !

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Ayant appris au cours du week-end la différence entre une comparaison et une métaphore, Dabek persiste et signe : il métaphore comme un turc, après avoir par mégarde comparé comme à Gravelotte.