138

*
J’ai marché longtemps, bien plus longtemps que la période d’une marée. On ne distinguait déjà plus la terre et j’avançais toujours, l’océan au lieu de revenir s’éloignait encore plus. Etrange… Mais je n’étais pas inquiet. J’avais au début ramassé quelques coques puis, sur des sables jamais découverts jusqu’alors, des bivalves bizarres. Je les avais mis dans mon seau. Une lutte raciale réflexe s’y était installée, muette et féroce. Je me suis arrêté pour observer, me demandant si je devais ou non intervenir. Quand finalement j’ai entendu l’immense rumeur de l’eau silencieuse il était trop tard, l’océan était là, partout autour de moi, avançant vers moi, comme si le point précis où s’était figée ma marche était ce qu’il désirait engloutir le plus au monde, mais aussi en dernier.

*
L’essentiel est partout.