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J’écrase mon mégot sur la peau du miroir, il s’enfonce dans mon reflet en se tordant à peine. Je ne sens pas la douleur mais l’odeur de chair grillée, je regarde la fumée noire qui se forme et s'élève, j’attends qu'elle sorte du cadre pour soulager la pression et aller me soigner. Je n’ai pas mal. Je n’ai rien dit, rien montré, rien lâché, et cependant j’ai honte. Du doigt je tapote la brûlure, tap tap, tap tap, comme ça, puis je retourne dans la grande pièce, je sors le miroir, je l’allonge sur la terrasse sous les doigts de la pluie, bruit patient dans l’après-midi, tap tap, tap tap sur cette aire martyrisée où il y a encore un instant (je me suis maintenant allongé à ses côtés sous une couverture de survie où viennent déjà chuchoter des limaces) je me trouvais aussi.

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Bien qu’écrites de ma main, les lettres que je retrouve dans ma boîte au retour de mes itinérances ne sont que de trop longues suites de mots insensés.