- "C’est un garçon", dit la sage-femme
- "Kilian", dit la femme qui venait de devenir sa mère
- "Va pour Kilian", pensa Dabek
Il y avait une paroi chaude, il la remonta jusqu’au sein
*
Pire que le fond du trou, les parois.
Journal des Miniatures littéraires et autres Rimes Regrettables de Bernard Deglet et du Grand Faucheux Noir, librement inspiré du blog d'Eric Chevillard http://l-autofictif.over-blog.com/
- "C’est un garçon", dit la sage-femme
- "Kilian", dit la femme qui venait de devenir sa mère
- "Va pour Kilian", pensa Dabek
Il y avait une paroi chaude, il la remonta jusqu’au sein
*
Pire que le fond du trou, les parois.
Devant le donut, regarde le beignet, non pas le trou.
*
Ayant négligé ce précepte, Dabek évalue avec l’assistante sociale ses probabilités de survivre à sa pension de retraite, mais : clairvoyant tardif, il regarde ses miches.
J’ai dansé un slow avec ce type
Ce type qui ressemble à un piano
A un piano grande queue
Et ce n’était pas CELA qui me gênait le plus
Car je sentais bien tant les choses que le contingentement des choses
Ce qui m’inhibait c’était la peur qu’il me marchât sur les pieds
Car ce type était vraiment
Vraiment
Pareil à un piano
Grande queue
*
Quand j’entends du Clayderman
Ça ne me donne l’envie de sniffer de l’eau
De Pologne
Le kaki est une représentation de Bouddha.
Six kakis dans un espace vide sont une représentation de Bouddha.
C’est le zen.
Ne pas s’emparer des choses. Ne pas chercher le derrière des choses. Ce sont peut-être des kakis, peut-être Bouddha.
Le cochon c’est très intelligent, très proche de l’homme, mais très différent. Un cochon ne montrera jamais son derrière à un autre cochon.
Le coproduit de l’homme et du cochon, c’est le boudin. Six boudins dans un espace vide, ce n’est pas le zen. On voit le derrière. Le derrière, c’est l’homme. De tout ce sang qu’ils versent, que font-ils d’autre ?
*
Rien
ne vaut guère dans l’homme , sauf les mauvais élèves. Ils ont
une tête de cochon, avec rien autour. Ce ne sont pas des moutons.
Quand ils croisent les moutons, ils ne voient pas le gigot. C'est très intelligent.
(ppedf)
Vivre, c’est s’attacher chaque jour à mourir.
*
Pour confirmer la nullité d’un aphorisme, il suffit d’en mélanger les termes.
- Mourir, c’est s’attacher chaque jour à vivre.
- S’attacher, c’est vivre chaque jour à mourir.
- S’attacher à mourir, c’est vivre chaque jour.
- Chaque jour, s’attacher à c’est mourir
- Chaque attache, c’est mourir au jour et vivre.
..etc.
(mais l’intention, nonobstant, était pure. Et la virgule toujours reste et tient tout)
Cet été, dans les Pyrénées, j’ai touché un chevreuil avec les yeux. Il m’a fait comprendre avec ses yeux que j’étais en train de toucher un chevreuil avec les yeux. Puis l’un de nous deux, avec une classe aristocratique et un bruit d’arbalète, s’est propulsé dans les sous-bois. Je l’ai toujours en moi, mais je ne sais pas quoi.
*
Tous, nous avons en nous le chevreuil avec les yeux. C’est magnifique, énigmatique.
Je vais vous laisser mettre votre masque
Je vais vous laisser vous passer les mains au gel
Je vais vous laisser enfiler les sur-chaussures en espèce de gaze bleue que les poissons y vont pas aimer quand ça viendra à eux car les objets tout comme nous suivent leur pente mais se désagrègent moins vite
Je vais vous laisser
glisser votre carte vitale sous le plexiglas en un geste économe en gouttelettes
Je vais vous laisser attendre dans le couloir, qu’on vous appelle
....
Je vais vous laisser
enlever cette main de mes fesses le docteur c’est cette porte je
vais vous laisser la pousser putain quand même c'est bon
...
J’aurais bien voulu la laisser me laisser, en quelques sorte la délaisser (de la fesse, d’ailleurs c’était pur réflexe), ou même la délaisser (de la connerie distribuée en mode éjacula-pressoir), ou même la délaisser (de la laisse)
Mais voilà : mal de dents
Alors je l’ai
laissée me laisser plein de façons de me laisser : elle est très forte à ça, sinon elle a pas son 1,16 SMIC fin de mois
*
Je crois bien que sous la torture, je ne parlerai pas. J’aurai déjà parlé avant, dans les escaliers.
Ils descendent, en général. Je veux dire : pour moi.