457


Plus on lave, plus c’est sale
Plus on lave, plus c’est sale
Plus on lave, plus c’est sale
Plus on lave, plus c’est sale
Plus on lave, plus c’est sale
Plus on lave, plus c’est sale

*
C'est ce que lui dit avant essorage
La machine à laver
De Dabek Sarieloubal

456

On est quatre dans ce petit espace
La parole ne suffit pas
La parole ne suffit plus
A créer un écart suffisant

*
La porte s'ouvre : « toi, tu sors »
Je sors
Le couloir de la prison
Pris dans l'autre sens
Crée un écart suffisant



Un texte de Robert Walser mis en images ici

455

Je dis « je » alors que je devrais dire « tu ».et ça m’entraînerait trop loin, hors du soliloque qui est désormais pour moi comme une maison à l'intérieur de ma prison.

*
Sur l'île quand il pleut on se rejoint en pantoufles derrière les grandes baies vitrées et on regarde la pluie et la mer, on regarde ce que l'eau qui tombe fait à l'eau qui reste, on écoute en silence le lointain mugissement de l'eau qui boit l'eau. Les mêmes mots qui servent pour le clapot s'allongent dans notre conversation et finissent par former une houle tranquille alors que la pluie s'apaise elle aussi, comme les larmes de quelqu'un qui a le cœur en paix.

454

On rencontre Carmen
Devant un bar littéraire
Où l'on rentre tous les deux
Où d'autres couples se draguent
D'une autre manière
En écoutant une conférence éphémère
Sur Arthaud, Carpenter
Ou bien « The Wire ».
Elle est très belle
Carmen
Dans la lumière du bar,
On ne voit
Cette lumière
De Carmen
Que quand on est dans le bar.
Dehors passent des gens vivants
Qui sont encore du côté
De l'indifférence
A Carmen
Et qui ne portent pas déjà sur eux
Les stigmates
De mon avenir
Avec Carmen

*
Ne pouvant plus faire semblant
De vivre
Ils font semblant
De continuer à vivre


"Comme si on va partir", à lire ici.