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Quinze centimètres d’une neige lourde et mouillée sont tombés, puis la burle malgré ce poids a bouleversé l’immensité blanche de la combe. Cela donne un océan planétaire faussement homogène fait de stries, ondulations, congères, amas plâtreux, plaques gelées, zones soufflées où parfois la prairie dépasse en épis et d’autres fois transparaît, haut fond jaunâtre, à travers une mince pellicule de glace. De petits pins parasol, expressifs comme des oliviers, sont clairsemés sur mon parcours comme autant d’obstacles météorologiques. Sur et entre tout cela je glisse, me jouant des pentes et contrepentes, « lisant » comme un routeur les meilleures trajectoires pour rallier le but en vainqueur solitaire.


J’étais parti du lieu dit La vacherie et, optant mieux à chaque instant que mes collègues circumnavigateurs, je suis rentré aux Sables d’Olonne deux jours avant Michel Desjoyaux lui-même loin devant tous les autres.