Rêves
d'endormi.
Rêves
qui ne m'appartiennent pas.
Rêve
qui me bouleverse en ce moment, que je fais assez souvent, sous
diverses formes : beaucoup d'amis qui ont disparus reviennent,
revivent. Ce n'est qu'un rêve, au réveil ça m'attriste
vraiment.
Rêve
d'une douceur incroyable : je suis dans une maison, j'attends un
grand copain, il arrive avec sa maman, une petite dame toute ridée.
Lui, grand bonhomme élégant, c'est mon ami Duke Ellington qui me
dit « qu'est-ce que tu faisais ? » en un anglais que je
comprends parfaitement.
-Je
pianotais un peu, lui dis-je en un français qu'il comprend
parfaitement.
-Ah,
ben … On y va ?
Et
je me mets à jouer avec lui !
Et
je ne joue pas si mal que ça !
Et
une voix me dit « Ce n'est pas possible tu sais bien qu'il est
mort »
Et
on continue à jouer gentiment tous les deux, il me dit que c'est pas
mal ce que je fais, pas mal du tout
Et
je me réveille.
*
Je
me rappelle qu'il a un costume marron qui lui va très bien. Je le
lui dis. Il est content, il est très élégant, il est heureux, il
joue avec moi, on joue ensemble, on est contents, et dans ce rêve je
m'entends jouer, pas mal du tout, vraiment pas mal du tout, je
devrais enregistrer ce rêve rien que pour m'entendre jouer aussi
bien.
(« The
Duke », Poème plagiaire n° 583. Rêves qui ne m'appartiennent
pas, c'est Jean-Jacques Sempé qui les a racontés)
[31
juillet 2012, 20H30, aux Roches de Condrieu (38), Bernard Deglet lit
en public « Dabek
se précipite » à l'aide d'un guéridon et d'un bol
tibétain]