La séance va son train,
tranquille. Seule la mère parle, triste, lasse, thermale. Le père grande
carcasse stagnante, les enfants sont calmes. Tout à l’heure la mère sans s’arrêter de parler s’est levée
et à giflé ses deux enfants, posément, violemment, puis elle est retournée s’asseoir et a continué,
toujours sur le même rythme las, comme si rien ne s’était passé. Un temps Dabek
se demande s’il n’a pas rêvé. Mais il y a les marques blanches des doigts de la
mère sur les joues des enfants. Il ne sait pas, il sent qu’il ne doit rien faire, rien faire que se taire.
*
Taire, mère, je
comprends enfin que nous sommes sur une île. Je propose à la mère de descendre
de sa chaise, qu’on joue tous les deux au Légo sur le sol. Elle est d’accord.
On joue au Légo, les enfants restent assis sur leurs chaises. La mère a l’air
bien. Son corps se tient bien, est plus tonique. On est sur une île, on
construit quelque chose avec nos légos. On ne s’est pas parlé, mais elle sent
que j’ai compris, que je vais peu à peu comprendre, la violence que lui font
chaque jour ses enfants. A la fin de la séance on cassera notre ouvrage en gros
blocs, on les émiettera, on rangera les légos dans le bac. Je dirai à la mère
de prendre une série d’autres rendez-vous avec ma secrétaire.