Nous ne
sommes que deux, mais il a préparé six verres.
Il fait le
troisième thé. Il a disposé
comme un enfant des petits cailloux sur le sable. Cela forme
une sorte de cercle imparfait et précis.
Il fait le
quatrième thé, puis recouvre chacun des cailloux d’un peu du sable gris d’ici,
puis fait le cinquième thé, puis asperge le sable de l’eau grise et rare d’ici,
là où sont enfouis les cailloux. Rite. Il n’en
connait ni l’origine ni le sens.
Au
cinquième thé il s’est mis à remuer les lèvres en silence, à faire des gestes
avec ses mains dans ce silence. Il y a un monde absent caché dans cette
immensité, auquel parle ce silence.
Tandis que
le sable boit l’eau il fait le sixième thé, toujours à la façon sahraouie,
moussue.
Attente. Ses
mains reposent sur le sable. Le temps s’écoule d’un verre à l’autre sans
trouver preneur.
Tout à l’heure,
lentement, nous partagerons le sixième thé, tiède comme le sable, doux comme la
mort. Nous avons le temps.
*
J’apprends comme jamais.
pp debargue