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Le monde où nous vivons nous rejette. Le monde où nous vivons ne veut pas de nous. Le monde où nous aimons, où nous voulons être, où nous créons, le monde pour lequel nous sommes. Le monde où nous vivons nous rejette comme si ce n’était pas nous. Ce monde sans nous est mort. Il nous rejette comme une tombe, comment un parent à jamais disparu, et il ne reste plus, dans ce monde qui est mort, que de rester vivant, rester nombreux, seuls, et vivant.

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« Voilà où mène l’impérialisme », dit depuis longtemps ce slogan qui s’efface sur le fond décrépi d’un local technique, à l’entrée sud de Chateauneuf de Galaure. Depuis qu’il a adopté son parcours d’hiver, l’abîme tranquillisant où le plongeait chaque fois cette déclaration manque à Dabek plus encore que l’effort physique que nécessitait son trajet à sa rencontre à travers la Drôme des collines. La reverra-t-il au printemps ? Aura-t-elle le même effet avant la rude côte qui lui succède ?