L’accès au quai
n’a pas changé. Dabek franchit la grille en le portant, descend les marches
humides, enfourche son vélo et s’engage dans le fleuve, le buste bien droit et
le coup de pédale souple. Le courant est puissant et doux. Tout en visant un
point amont de l’autre rive, en léger contre braquage, il penche le vélo vers
l’aval comme dans une courbe à gauche pour résister au flux qui l’entraînerait
trop bas, technique héritée du temps où il traversait la Durance en canoë. 3
minutes plus tard il aborde ainsi sans problème l’autre rive, 30 mètres à peine
en aval de son point de départ. 8 heures sonnent à l’horloge de la rive droite.
Il sort de l’eau, descend de vélo, et aussitôt l’envahit ce sentiment déjà
ressenti d’avoir à nouveau traversé pour rien.
*
Je ne me sens pas
mouillé. Je me lève. Je suis debout en pinces à vélo à côté de mon lit, face à
une autre journée vide. Je suis malgré tout satisfait d’avoir retrouvé, d’avoir
reconnu, ce rêve de l’autre rive à vélo.