Leurs enfants ne
bougent plus, les yeux noirs et les paupières qui ne se ferment plus, les
lèvres et la langue énormes et desséchées. Le bétail crève sans bruit. Rien de
cela n’est dit, mais tout cela est. Ils
viennent à Dabek après avoir tout essayé. Font cercle, assis, au creux de la dune. Pas une parole. Dabek
laisse passer le temps. Ils laissent également, progressivement, passer le
temps. Silence. Puis Dabek se met à frapper en rythme, d’un doigt, la paume de sa
main, à son rythme, au rythme de sa pluie. Un à un, tous, peu à peu, l’imitent.
Le rythme de leur pluie dans la paume de leur main. Dabek a fermé les yeux pour
écouter. Ils ferment les yeux. Ils pleut.
*
Un simple souffle à
peine perceptible et, aussitôt, la danse générale de l’arbre. Les ailes des
chauves-souris qui froissent la soie de l’air. Quelques lucioles. Un oiseau qui
sort du ciel. Une famille de hérissons à la queue leu leu. Tu pensais pourtant
qu’il ne resterait rien de cette journée où tout était écrasé de chaleur.
Jamais tu n’aurais cru qu’il y avait en ce monde tant de choses, comme cela,
qui n’attendaient que toi pour naître.